D’abord il s’agit d’intégrer qu’il est normal, face à de l’inconnu ou de la nouveauté, que des peurs se réveillent en nous : c’est même très humain. Ce qui est problématique c’est lorsqu’elles prennent toute la place, qu’elles nous empêchent d’aller de l’avant et nous inhibent. Cela demande alors de s’y arrêter, voire de se faire aider pour parvenir à les dépasser.

Quand on a quitté un travail et qu’on ne sait pas quel sera notre prochain poste. Quand on se sépare de son conjoint sans savoir ce qui adviendra dans notre vie affective.

Quand on arrête des activités routinières mais confortables pour aller vers.. on ne sait pas quoi encore exactement. Il existe une expression parlante pour désigner ce moment : « je suis au milieu du gué ». Nous avons quitté la rive de nos habitudes mais sans apercevoir encore la rive de l’autre côté de la rivière. Devrons-nous affronter de forts courant avant de l’atteindre ? Sera-t-elle proche ou lointaine ? Hospitalière ou aride ?

Tout cela réveille en nous une insécurité, plus ou moins importante selon les personnes et leur histoire.

Pourtant, quand nous regardons le déroulement de notre vie, nous pouvons vérifier qu’il y a une intelligence à l’œuvre que ne percevons pas forcément au premier regard. Une intelligence qui se manifeste à la condition que nous prenions des décisions justes, en fidélité à nous-mêmes.

La vie n’est pas clémente avec ceux qui s’entêtent, qui refusent de regarder le réel en face et qui s’enferment dans leurs certitudes et leurs habitudes. Avoir le courage d’ouvrir les yeux sur nos insatisfactions profondes , de chercher à faire la vérité et d’en tirer les conséquences est au contraire source de vie, de fécondité et de solidité.  

Comment savoir qu’une décision est juste, fidèle à nous ? C’est bien toute la question ! C’est parfois très difficile et long de faire le clair. Ce n’est pas quelque chose qui se décide uniquement avec la tête. C’est au contraire au fond de nous-même que nous pouvons le ressentir. Souvent, on sent plutôt quand une décision n’est pas juste : « Si je fais cela, je ne me respecterai pas. Ce serait me renier, renier mes valeurs. J’aurais l’impression de ne pas être honnête avec moi-même. Cela m’enfermerait. Cela a un goût de mort pour moi. » Voici des phrases que j’entends en accompagnement. Face à de telles sensations, on peut alors choisir la vie et quitter la rive. Choisir dans la confiance que faire ce choix-là, malgré les peurs qui nous étreignent, nous rendra plus existants et plus vivants. 


Marie-Pierre Ledru, formatrice agréée PRH